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Santé et services sociaux

27 août 2024

Est-ce que la privatisation s’accentue?

Personne ne sera surpris de lire qu’au fil des années, il a été identifié à de nombreuses reprises que les personnes aînées ont toujours exprimé qu’elles préféraient demeurer chez elles. On n’a d’ailleurs qu’à se remémorer le titre de la politique de soutien à domicile « Chez soi le premier choix ». Mais l’enjeu de recevoir les services de soutien à domicile appropriés lorsque les personnes étaient aux prises avec des incapacités s’est fait ressentir. Au fil du temps, le réseau des résidences privées pour aînés a offert une alternative à des personnes aînées autonomes et en légère perte d’autonomie et les besoins ont continué de progresser.

Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus témoin des tracas financiers émanant de la clientèle aînée demeurant en résidence, en particulier celle qui est en perte d’autonomie plus importante et qui a besoin de plus de services. Même si l’unité locative en RPA est considérée comme le domicile de l’aîné, ce qui lui donne droit de solliciter des services publics, les enjeux d’accès, de continuité et d’intensité se font encore ressentir. Cela amène donc la personne aînée à devoir piger davantage dans son portefeuille pour s’ajouter des services dont elle a besoin ici et maintenant.

La personne aînée qui au départ, était autonome ou en légère perte d’autonomie a perdu plus de capacité. La perte d’autonomie est évaluée à l’aide d’outil (ISO-SMAF) et on arrive à la codifier. Rendue à un certain stade de perte d’autonomie (profil ISO-SMAF de 10 à 14) la personne aînée serait en droit d’accéder à une formule d’hébergement du réseau public (ressource intermédiaire, CHSLD, maison des aînés et alternative) où les coûts qu’elle aurait à assumer seraient établis en tenant compte de plusieurs facteurs dont ses revenus. Par exemple une personne qui a accès à une place en ressource intermédiaire publique déboursera un maximum de 1415 $/par mois. Actuellement, il n’est pas rare de repérer que ces mêmes personnes qui n’ont pas accès aux places publiques ou qui ne savent pas qu’elles pourraient le demander, habitent en RPA où leur loyer avec services grimpe à plus de 3500 $/mois.

Nous sommes conscients que le coût de la vie augmente pour tout le monde y compris pour les propriétaires de résidences privées pour aînés. Partout au Québec, y compris dans notre région, des résidences ont cessé leurs opérations au cours des dernières années. En janvier dernier, la ministre responsable des Aînés annonçait un nouveau programme pour aider les RPA et ce afin de freiner ces fermetures. Un montant de 200 millions sur cinq ans a été annoncé. Plusieurs critères entourent ce programme qui, dans un premier temps, cible les aînés ayant un profil ISO-SMAF de 10 à 14. Nous savons qu’il y a des listes d’attentes au niveau des places d’hébergement public. Nous savons aussi que certains aînés apprécient vivre dans leur RPA et ne veulent pas nécessairement être déménagés dans un autre milieu. Le lancement 14 de ce programme a suscité de vives inquiétudes et notre réseau a débuté des actions auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux et auprès de la ministre responsable des Aînés. Dans sa forme initiale, le programme vient impacter grandement le bail du résident. De plus, certains propriétaires avaient déjà débuté une révision à la hausse de leur tarif au niveau des services à la personne, et ce, même si le programme prenait place par étapes à travers les régions du Québec. Au moment d’écrire ce rapport, nous attendons des réponses aux demandes de modifications et de clarifications du programme que nous avons adressées.

Même si nous saisissons les bonnes intentions liées à l’annonce faite par la ministre responsable des Aînés, il n’en demeure pas moins que le lancement du programme vise tout d’abord les personnes aînées en grande, très grande perte d’autonomie. Le Québec aura-t-il deux classes de personnes aînées en perte d’autonomie : celle qui habite en maison des aînés et qui paye le montant maximal déterminé par l’État (2 100 $/mois) et celle qui habite en résidence privée pour aînés et qui paye plus de 3500 $/mois dans un bail?

Faute de place dans le réseau public, face à un panier de services à domicile fragile, assistons-nous encore une fois à une plus grande privatisation des services qui était sous la responsabilité de l’État? De quelle manière l’État s’assurera, pour la personne aînée en grande perte d’autonomie, de maintenir une équité à moyen et long terme au niveau du coût de ses services? Concernant la qualité des services et la protection des aînés en grande perte d’autonomie, nous tenons à souligner que bien que les RPA soient assujetties à plusieurs normes et règlementations elles n’ont pas les mêmes obligations qui incombent au CHSLD. Prenons en exemple les pannes de courant prolongées, une RPA n’est actuellement pas dans l’obligation de détenir une génératrice. Bref de quelle manière l’État gardera une agilité et une indépendance?

Ce texte est un extrait de notre dernier rapport d'activités 2023-2024. Pour le consulter en entier, c'est ici!

Business People Working And Celebrating Success, Rising Arrow

Est-ce que la privatisation s’accentue?

Personne ne sera surpris de lire qu’au fil des années, il a été identifié à de nombreuses reprises que les personnes aînées ont toujours exprimé qu’elles préféraient demeurer chez elles. On n’a d’ailleurs qu’à se remémorer le titre de la politique de soutien à domicile « Chez soi le premier choix ». Mais l’enjeu de recevoir les services de soutien à domicile appropriés lorsque les personnes étaient aux prises avec des incapacités s’est fait ressentir. Au fil du temps, le réseau des résidences privées pour aînés a offert une alternative à des personnes aînées autonomes et en légère perte d’autonomie et les besoins ont continué de progresser.

Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus témoin des tracas financiers émanant de la clientèle aînée demeurant en résidence, en particulier celle qui est en perte d’autonomie plus importante et qui a besoin de plus de services. Même si l’unité locative en RPA est considérée comme le domicile de l’aîné, ce qui lui donne droit de solliciter des services publics, les enjeux d’accès, de continuité et d’intensité se font encore ressentir. Cela amène donc la personne aînée à devoir piger davantage dans son portefeuille pour s’ajouter des services dont elle a besoin ici et maintenant.

La personne aînée qui au départ, était autonome ou en légère perte d’autonomie a perdu plus de capacité. La perte d’autonomie est évaluée à l’aide d’outil (ISO-SMAF) et on arrive à la codifier. Rendue à un certain stade de perte d’autonomie (profil ISO-SMAF de 10 à 14) la personne aînée serait en droit d’accéder à une formule d’hébergement du réseau public (ressource intermédiaire, CHSLD, maison des aînés et alternative) où les coûts qu’elle aurait à assumer seraient établis en tenant compte de plusieurs facteurs dont ses revenus. Par exemple une personne qui a accès à une place en ressource intermédiaire publique déboursera un maximum de 1415 $/par mois. Actuellement, il n’est pas rare de repérer que ces mêmes personnes qui n’ont pas accès aux places publiques ou qui ne savent pas qu’elles pourraient le demander, habitent en RPA où leur loyer avec services grimpe à plus de 3500 $/mois.

Nous sommes conscients que le coût de la vie augmente pour tout le monde y compris pour les propriétaires de résidences privées pour aînés. Partout au Québec, y compris dans notre région, des résidences ont cessé leurs opérations au cours des dernières années. En janvier dernier, la ministre responsable des Aînés annonçait un nouveau programme pour aider les RPA et ce afin de freiner ces fermetures. Un montant de 200 millions sur cinq ans a été annoncé. Plusieurs critères entourent ce programme qui, dans un premier temps, cible les aînés ayant un profil ISO-SMAF de 10 à 14. Nous savons qu’il y a des listes d’attentes au niveau des places d’hébergement public. Nous savons aussi que certains aînés apprécient vivre dans leur RPA et ne veulent pas nécessairement être déménagés dans un autre milieu. Le lancement 14 de ce programme a suscité de vives inquiétudes et notre réseau a débuté des actions auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux et auprès de la ministre responsable des Aînés. Dans sa forme initiale, le programme vient impacter grandement le bail du résident. De plus, certains propriétaires avaient déjà débuté une révision à la hausse de leur tarif au niveau des services à la personne, et ce, même si le programme prenait place par étapes à travers les régions du Québec. Au moment d’écrire ce rapport, nous attendons des réponses aux demandes de modifications et de clarifications du programme que nous avons adressées.

Même si nous saisissons les bonnes intentions liées à l’annonce faite par la ministre responsable des Aînés, il n’en demeure pas moins que le lancement du programme vise tout d’abord les personnes aînées en grande, très grande perte d’autonomie. Le Québec aura-t-il deux classes de personnes aînées en perte d’autonomie : celle qui habite en maison des aînés et qui paye le montant maximal déterminé par l’État (2 100 $/mois) et celle qui habite en résidence privée pour aînés et qui paye plus de 3500 $/mois dans un bail?

Faute de place dans le réseau public, face à un panier de services à domicile fragile, assistons-nous encore une fois à une plus grande privatisation des services qui était sous la responsabilité de l’État? De quelle manière l’État s’assurera, pour la personne aînée en grande perte d’autonomie, de maintenir une équité à moyen et long terme au niveau du coût de ses services? Concernant la qualité des services et la protection des aînés en grande perte d’autonomie, nous tenons à souligner que bien que les RPA soient assujetties à plusieurs normes et règlementations elles n’ont pas les mêmes obligations qui incombent au CHSLD. Prenons en exemple les pannes de courant prolongées, une RPA n’est actuellement pas dans l’obligation de détenir une génératrice. Bref de quelle manière l’État gardera une agilité et une indépendance?

Ce texte est un extrait de notre dernier rapport d'activités 2023-2024. Pour le consulter en entier, c'est ici!